Ecrire

Ecrire

mercredi 8 juillet 2015

Mai 68



 Mai, oui !

 
"Ah ! Ils font peur ! Revoilà 36 ! Cela va mal finir, c’est sûr ! Eteins la radio, bon sang !"

Les pavés qui volent bas, les clameurs, les bousculades et les charges de CRS, c’est sur Europe 1 que cela s’écoute ; c’est la radio de "Salut les copains" ! Sauf que les copains font un sacré chahut, en ce joli mai 68, c’est « la chienlit » dira De Gaulle ! Les cours sont arrêtés, les usines occupées et Dany le Rouge fait trembler la France !

Mais pourquoi cette fièvre printanière ? On a beaucoup glosé sur les causes : la fin de l’empire colonial, le déclin des trente glorieuses, l’opposition à l’impérialisme américain et à l’ordre ancien. Mais c’est surtout que, pour la première fois, la jeunesse française a les moyens de s’exprimer et de se faire entendre. 500 000 étudiants, dont la majorité à Paris, vont entraîner les ouvriers dans leur lutte. Parmi 15 millions de travailleurs, près des deux tiers firent grève. Plus de 4 millions pendant trois semaines, plus de 2 millions pendant un mois. Pour reprendre les mots historiques rétorqués à Louis XVI, le 14 juillet 1789 : « Ce ne fut pas une révolte mais une révolution ! » n’en déplaise aux révisionnistes !


Ce fut surtout une révolution des mœurs ! Les femmes firent entendre leurs droits, purent porter le pantalon et la mini jupe et prendre la pilule contraceptive. Les lycées furent mixtes et l’amour libre ! Quelle révolution des corps et des esprits pour la génération du baby boum ! Les anciens s’étaient battus pour la Liberté dans les tranchées et avaient connu l’enfer des camps, cette jeunesse revendiquait le droit au bonheur et à l’égalité des sexes ! Oui, avec le recul, on peut dire que Mai 68 fut la bataille des femmes ! La première vraie grande lutte suivie d’effets !



Mais, o combien fragile ! N’oublions jamais le sort que les révolutionnaires réservèrent à Olympe de Gouges. Une femme courageuse et martyrisée par les nazis, Simone Veil, fit voter sous les injures des députés de son camp la loi sur l’avortement. Mais, aujourd’hui, que de réticence pour l’appliquer, que d’embûches ! Les jeunes filles des cités n’osent plus porter la mini jupe et adoptent le look momie ! La parité reste théorique et on parle de rouvrir les pensionnats où les deux sexes seraient à nouveau séparés. Les ouvriers n’osent plus faire grève et la précarité s’installe. L’école va se privatiser et les étrangers sont expulsés.

Jolie fleur du mois de mai, je voudrai en la nommant lui rendre hommage !
et rendre hommage aussi à Georges Moustaki, un Grec libre !

Céline  22 mars 2008, 40 ans déjà !

Sans la Nommer de Georges Moustaki

La chanson démarre à 1mn 35



Moustaki : Sans la nommer

Je voudrais, sans la nommer,
Vous parler d’elle
Comme d’une bien-aimée,
D’une infidèle,
Une fille bien vivante
Qui se réveille
A des lendemains qui chantent
Sous le soleil.
Refrain :
C’est elle que l’on matraque,
Que l’on poursuit que l’on traque.
C’est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C’est elle qu’on emprisonne,
Qu’on trahit qu’on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout.
Je voudrais, sans la nommer,
Lui rendre hommage,
Jolie fleur du mois de mai
Ou fruit sauvage,
Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui traîne en liberté
Où bon lui semble.
Refrain
Je voudrais, sans la nommer,
Vous parler d’elle.
Bien-aimée ou mal aimée,
Elle est fidèle
Et si vous voulez
Que je vous la présente,
On l’appelle
Révolution Permanente !
Refrain